Une anarchiste mystique
Par frederic baylot le mardi, mai 17 2011, 20:16 - Anarchie - Lien permanent
Via Nouvelles Clés
Quand elle retourne à Bruxelles pour y retrouver ses parents qui s’y sont installés, elle se lie d’amitié avec Élysée Reclus, géographe et théoricien de l’anarchisme. Au contact d’Élisée, Alexandra découvre qu’elle est, avant tout, un cerveau. Le coeur, le sexe, s’ils existent pour elle, et certains de ses proches en douteront, n’ont plus qu’à se taire et à obéir.
À vingt ans, Alexandra David écrit son premier essai, Pour la vie. Elle n’y fait pas mystère de son anarchie et y proclame : « L’obéissance, c’est la mort ».
Le monde semble appartenir à l’impétueuse Alexandra qui séjourne à Londres pour y apprendre l’anglais, puis à Paris pour y apprendre le sanscrit. À la bibliothèque du musée Guimet, elle passe des journées entières à déchiffrer la bible des bouddhistes, le Dhammapada. Elle met en pratique son enseignement majeur : « Soyez à vous-même votre propre lumière. »
En 1891, sa marraine en mourant laisse à Alexandra une petite somme. Elle emploie ce cadeau du ciel à connaître d’autres cieux, ceux dont elle rêve depuis toujours, là-bas, en cette Asie qui l’attire irrésistiblement, ce qui fait dire à son père : « Ma fille a la peau blanche, mais elle a l’âme jaune. » Elle passe quelque dix-huit mois à Ceylan et en Inde. C’est à Bénarés qu’elle rencontre son premier maître, le swami Bashkarananda. De Bashkarananda, Alexandra reçoit un enseignement qui peut se résumer en une seule phrase : « L’impermanence est la loi universelle ».
Alexandra David doit gagner sa vie, ses parents n’étant plus en mesure de subvenir à ses besoins. Elle se lance dans le journalisme, sans succès, et dans le chant, avec beaucoup plus de succès. Dotée d’une jolie voix de soprano, elle triomphe, en 1895, à l’opéra d’Hanoi, dans le rôle de Carmen. Elle triomphe aussi, en 1900, à l’opéra de Tunis. C’est à Tunis, en 1904, qu’elle épouse l’ingénieur Philippe Néel. La mésentente dans le couple est immédiate. « Quand je te parle de philosophie, tu ne m’écoutes pas, tu en profites pour me caresser les jambes », reproche Alexandra à son époux. À « ces plaisirs que l’on nomme, à la légère, physiques », Alexandra préfère les purs plaisirs de l’esprit. Elle est bouddhiste, mais aussi théosophe, rose-croix, franc-maçonne.