Cessons la guerre aux porteuses de foulard !
Par frederic baylot le lundi, juin 6 2011, 10:25 - Système - Lien permanent
Ci-dessous un article qui je sais peut créer de la polémique dans le contexte actuel, mais il me semble que le problème, volontairement ou non, a été pris à l'envers. Toute stigmatisation va justement rapprocher les personnes stigmatisées vers l'image qu'on cherche à exclure. On voit bien que les lois d'exclusion actuelles n'ont pas fait diminuer de nos rues la présence et le nombre de toutes les manifestations vestimentaires de la culture islamique.
Je crois que plutôt que de diaboliser l'islam et ses manifestations nous devrions plutôt mettre en avant ce qui favorise l'emploi, l'égalité homme / femme, une éducation populaire de valeur, un habitat accessible et agréable. Quand j'étais enfant, nous vivions avec des copains arabes, les mères étaient "voilées" et cela ne nous posait pas de problème particulier (c'étaient pour beaucoup des familles de Harkis, dont on ne va pas revenir ici sur l'attitude lâche et cruelle que la France a eu leur égard, aussi bien pour ceux qu'on a abandonné à une mort certaine que pour ceux qu'on a accueilli dans des conditions misérables). Le temps passant dans cette fin des trente glorieuses, l'emploi étant là, l'accès au logement (rarement agréable, mais il y avait la salle de bain l’ascenseur, plusieurs pièces!) on a vu les voiles plutôt disparaître, quant aux filles il n'était pas question généralement d'en porter. Le voile n'est revenu qu'avec l'échec de cette société libérale, ses exclusions, ses besoins de boucs émissaires.
Je ne défends pas ici la religion musulmane, pour moi toute religion, surtout celles "révélées", sont porteuses de violences, car elles renforcent le caractère de l'humain a tout tourner vers lui et refuser la différence (ce que "mon dieu" dit est vrai, donc tout ce qui est différent est au mieux faux, au pire à combattre et détruire). Notre culture chrétienne est d'ailleurs une de celles qui sont les plus mal placées pour donner des leçons compte tenu de la violence que nous avons semé à travers le monde dans l'histoire et que nous continuons à semer quand l'église catholique héberge des anciens collaborateurs nazis ou des pédophiles. Mais pour avoir milité dans la non-violence ou autre, je sais aussi que les humains évolués peuvent ne prendre dans les religions que ce qui les aide à trouver un sens à leur vie sans lire littéralement leurs écrits sacrés et par exemple qu'il y a beaucoup de chrétiens réellement plein de cet'amour dont parle Jésus.
Depuis la loi du 15 mars 2004 interdisant l'école publique aux élèves musulmanes portant le foulard, des exclusions se sont multipliées, non seulement à l'encontre des élèves mais aussi à l'encontre des mères d'élèves, que ce soit pour l'accompagnement des sorties scolaires ou pour la participation à des réunions au sein de l'école.
Malgré un avis de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité), rappelant que l'interdiction du foulard ne s'applique pas aux parents d'élèves, le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, a annoncé son intention d'instaurer par décret cette nouvelle discrimination. La proposition vient d'être reprise dans le programme de l'UMP pour 2012 - parmi 26 propositions tout aussi inquiétantes, légalisant notamment la discrimination à l'embauche contre les femmes portant le foulard, y compris dans le secteur privé !
Ces mesures obéissent à une même logique de stigmatisation et d'exclusion, en rupture complète avec les principes laïques tels qu'ils ont été fixés par la loi de 1905 et les lois Ferry-Goblet sur l'école.
Nous refusons ce détournement de la laïcité, qui s'inscrit dans une série interminable d'offensives : loi anti-foulard, loi anti-niqab, débat sur l'identité nationale, stigmatisation des prières de rue, des minarets et des menus halal, invectives de Nicolas Sarkozy sur "l'égorgement du mouton" et de Claude Guéantsur le "trop grand nombre" de musulmans, "débat sur l'islam" rebaptisé "débat sur la laïcité", appels à généraliser l'interdiction du foulard aux usagers des services publics...
Nous refusons cette logique de guerre et de mise au ban, qui désigne les femmes portant le foulard comme des pestiférées, tend à les disqualifier aux yeux de leurs propres enfants, et leur adresse ce message implicite : "Restez dans vos cuisines !"
Parce que l'école publique ne doit pas choisir son public, parce qu'elle doit être un lieu de rencontre et non d'exclusion, parce qu'elle doit promouvoir le droit à la différence et non le mépris de l'autre, parce que nous tenons au principe de laïcité, aux libertés individuelles et à l'égalité de traitement, parce qu'un Etat démocratique n'a pas à imposer à ses citoyens leur manière de s'habiller, parce que ce sont une fois de plus des musulmans, et une fois de plus des femmes, qui sont discriminés, nous serons, dans les mois qui viennent, femmes et hommes, avec ou sans foulard, solidaires pour défendre un droit élémentaire. Celui du droit pour une femme portant un foulard de vivre, travailler et s'impliquer aussi pleinement qu'elle l'entend dans la scolarité de ses enfants, au même titre que n'importe quel autre parent.
Sans attendre 2012, nous exigeons l'abandon pur et simple du projet Chatel, et l'arrêt de ces exclusions illégales.
Jean Baubérot, sociologue ;
Esther Benbassa, historienne ;
Christine Delphy, sociologue ;
Eric Fassin, sociologue ;
Eric Favey, secrétaire national adjoint de la Ligue de l'enseignement ;
Nacira Guénif, sociologue ;
Jacques Rancière, philosophe ;
Joël Roman, philosiphe ;
Françoise Vergès, politologue ;
Olivier Besancenot, membre du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ;
Alima Boumedienne-Thiéry, sénatrice (Europe Ecologie-Les Verts) ;
Patrick Braouezec, membre de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE) ;
Cécile Duflot, porte-parole nationale d'Europe Ecologie-Les Verts ;
Ilham Moussaïd, responsable d'Agir pour la justice, contre le racisme, l'exclusion et la violence (AJCREV) ;
Christine Poupin, porte-parole nationale du NPA ;
Ismahane Chouder, secrétaire du Collectif des féministes pour l'égalité (CFPE) ;
Collectif Mamans toutes égales (MTE).
Commentaires
Bonjour,
Il y a deux mots que je n'aime pas, voire plus, dans ce texte: exclusion et stigmatisation.
L'exclusion existe peut-être, mais c'est un droit que notre société possède encore de ne pas accepter ceux qui ne viennent que pour la parasiter, la pirater et la détruire de l'intérieur.
La stigmatisation, ça ne veut rien dire du tout. C'est un mot imposé par les diffuseurs-colporteurs du "politiquement correct" pour museler ceux qui auraient quelque chose à dire concernant les problèmes de notre société. On ne peut même plus s'exprimer pour dire son avis sans être aussitôt taxé de stigmatisation ou de racisme et poursuivi devant les tribunaux par diverses organisations glauques qui ont fait leur fond de commerce financier et politique de défendre les intérêts des étrangers, des immigrés légaux ou clandestins, etc...
Dans ces grands déballages, au nom de l'humanisme et du respect des droits de l'homme, on oublie complètement nos propres natifs qui ont travaillé dur toute leur vie et qui ont tout donné à leur pays et que l'on méprise au point de ne plus rien avoir à leur donner lorsqu'ils arrivent à l'âge de la retraite.
On ne peut pas éternellement défendre tout le monde et personne avec des formules toutes faites et complètement démagogiques et creuses
Il faut savoir prendre parti et décider si on doit être bon pour les étrangers, les immigrés et les pays du tiers monde ou bien préférer d'abord notre patrie et faire passer en second ceux qui n'ont pas eu la chance de naître chez nous, ce qui n'est pas notre faute. On ne peut pas soulager toute la misère du monde. La France ne peut pas nourrir 6 milliards d'humains. La France n'est pas responsable de tout ce qui se passe aujourd'hui dans le monde, même si elle a eu des époques où elle ne brillait pas par son respect des droits de l'homme.
Mon idéal est celui de la France, de la démocratie, de la laïcité, de la défense des droits de l'homme et de la femme en France et partout dans le monde, mais pas d'être un refuge pour tous les peuples qui souffrent dans le monde. Si on veut faire quelque chose pour eux, alors il faut d'abord lutter contre les régimes immondes qui les tiennent dans la misère et les déboulonner, puis les aider à s'en sortir et à développer leurs propres pays tout en préservant le nôtre d'une accumulation de misère génératrice de haine et de violences qui nous ruineront peu à peu.
Le foulard est un faux problème qui cache de vrais problèmes beaucoup plus graves qui concernent les droits de l'homme et les droits de la femme. Ce n'est pas un sujet de plaisanterie. Certaines sociétés méprisent la femme et en font un objet sexuel et une simple esclave soumise aux plaisirs et aux caprices des hommes. D'ailleurs, l'affaire DSK montre comment nos élus, qui devraient être des parangons de vertu, considèrent et traitent les femmes.
Ma mère portait un foulard, mais ce foulard n'était pas un symbole d'oppression de la femme. A cette époque, les femmes portaient toutes des foulards en toute liberté et cela n'était pas un sujet de débat. Tout comme les hommes portaient des chapeaux. Il faut vraiment sortir de ces faux débats pour entrer dans les vrais sujets de société.
En effet, Frédéric, il faut rentrer dans les vrais débats et pour cela il faut évoquer ce qui gêne le plus, ce qui est tabou et ce qui fait peur.
Hormis cela, je ne suis pas non plus pour enrober tous les sujets dans des considérations périphériques qui ne font que noyer le dit sujet.
Je comprends que tu sois non-violent et je le suis tout comme toi. Je suis aussi contre l'usage des armes, mais cela n'empêche pas les armes de dominer en de nombreux points du globe. En France, nous tentons encore de vivre par la raison et par une loi équitable que nos ancêtres ont bâtie. Est-ce pour cela que nous devons baisser les bras. La paix, la république, la liberté, la démocratie, la laïcité, l'égalité de droits, et toutes les libertés sont des combats permanents. Il ne faut jamais baisser les bras. Et c'est justement ce que font nos élus. Alors, il ne faut pas se tromper de cible.
Je constate, par exemple, que le maire de Marseille est continuellement toute la semaine à Paris parce que c'est bien plus amusant et que les problèmes de Marseille l'emmerdent...
Par ailleurs, qui donc divise et ruine notre pays en le divisant déjà en deux grands clans politiques, la droite et la gauche! Des hommes et des femmes qui ne font qu'attiser des courants de mépris, de rejet et de haine pour parvenir à leurs fins de pouvoir et à la satisfaction de leurs égos démesurés.
Cette division de la France est sa plus grande ennemie. Alors que la sagesse et la raison devraient être au pouvoir.
Dans le faux problème du foulard ou du voile islamique, ce n'est pas et cela n'a jamais été un problème de culture, d'identité ou de mode, mais un problème de pouvoir religieux comme ce que tu citais plus haut. Tu dis "quand j'étais enfant" et j'ai la même perception que toi. Mais le problème est que nous ne sommes plus enfants et que 40 ou 50 ans sont passés et que tout a changé dans l'équilibre du monde, de ses forces et de ses courants.
Je sais que nous ne serons jamais d'accord sur ce problème de religion, mais nous pouvons confronter nos avis et tenter d'en sortir des idées nouvelles et créatives...! :o)