Jacques Salomé

Combattre pour la dignité, un combat au présent !

Nous pouvons répondre à notre besoin de dignité, qui est un besoin secret mais intense, avec au moins deux démarches. L’une personnelle, par une attitude intérieure que nous adoptons pour rester droit, centré, correct, face aux difficultés de la vie. L’autre par les attitudes, les comportements ou les réponses de notre entourage envers nous, que nous souhaitons empreintes d’un minimum de respect.

Combattre pour la dignité, envers ceux qui sont dans le monde, bafoués ou humiliés, cela débute par une démarche personnelle : commencer par se respecter, en osant simplement dire non, en ayant le courage de témoigner, de se positionner. Dire non quand ce qui vient vers nous, quelles que soient les intentions de l’autre, n’est pas bon pour nous, n’est pas recevable ou est inacceptable.

Combattre pour la dignité, cela veut dire de ne pas rester prisonnier du sentiment d’impuissance, de résignation, d’acceptation passive devant ce qui nous entoure ou avec ce qui nous arrive.

Cela veut dire aussi de ne pas hésiter à s’éveiller et donc à s’indigner. Retrouver une liberté de penser. Cela, Stéphane Hessel (Indignez vous. Ed Indigène) l’a écrit de façon magnifique en nous invitant à oser nous indigner, à manifester non seulement notre désaccord mais surtout nos souhaits, notre espérance face aux dégradations du présent, face aux violences que nous faisons au futur, c’est à dire aux générations qui vont suivre.

Il y a aujourd’hui, il faut le dire, une perte annoncée d’avenir, une sorte d’effondrement du futur programmé par la surdité, l’aveuglement de ceux que nous laissons nous gouverner.

Cela veut dire encore, d’accepter de modifier nos comportements, ne pas entretenir ou s’abriter derrière nos illusions. Les écrits et les actions d’Edgar Morin peuvent nous aider beaucoup dans ce domaine. Faire confiance à l’improbable, laisser germer l’impossible, laisser imploser nos possibles.

Et je crois aussi que cela suppose de revoir la place faite aux femmes, de réinventer les relations hommes/femmes, dans ce monde encore dominé par le masculin. Cela veut dire opérer une métamorphose importante pour les uns et pour les unes, de lâcher prise sur des conduites d’appropriation, de possessivité, de renoncer à du pouvoir pour laisser surgir plus de partages, d’échanges et de créativité en commun. Dans ce domaine des hommes comme Thomas d’Assembourg, Guy Corneau ont beaucoup œuvré ainsi que de nombreuses femmes telles Françoise Dolto, Alice Miller, Marie-France Hirigoyen, Paule Salomon, Christiane Singer.

Ainsi nous allons découvrir que nous ne sommes pas seuls, que nous faisons partie d’un courant, d’un mouvement, d’une fraternité bien plus grande que nous pouvons l’imaginer.

Pour mieux comprendre que combattre veut dire ici, témoigner et vivre en accord dans le respect de soi et de l’autre.

Jacques Salomé est l’auteur de 
- Et si nous inventions notre vie (Ed. du Relié) 
- Le courage d’être soi. (Pocket) 
- N’oublie pas l’éternité (Albin Michel)

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