La répression par les autorités chinoises se poursuit dans la zone de Ngaba, suite à l’expulsion par les troupes chinoises de plus de 300 moines du monastère de Kirti les 20 et 21 avril, et le décès de deux personnes âgées d’origine tibétaine qui essayaient de les protéger. Si certaines personnes arrêtées à la suite des événements du 16 mars ont été libérées, plusieurs autres personnes seraient encore détenues. Tous les moyens de communication avec cette zone ont été coupés par le gouvernement chinois, il est donc actuellement impossible d’obtenir des informations sur la situation de ces détenus.

D’après des moines du monastère de Kirti, exilés en Inde, Losang Khedrup et Losang Choepel deux moines de 39 ans et 19 ans ont été arrêtés respectivement les 6 et 12 mai. La raison de ces arrestations et le lieu de détention restent inconnus. Les moines en exil considèrent cependant que la détention de Losang Choepel pourrait être le résultat de certaines réponses qu’il aurait données à l’occasion de séances « d’éducation patriotique » à l’intérieur du monastère.

L’ICT a appris de la part d’autres Tibétains en exil que l’épouse et la fille d’un détenu nommé Gerik, âgé de 60 ans, avait fait l’objet d’intimidations et de coups après sa mise en détention. D’après les mêmes sources, Gerik est accusé avec neuf autres moines d’être impliqué dans l’auto-immolation de Phuntsog et aurait été victime de torture pendant sa détention. C’est la troisième fois que Gerik est placé en détention ; il a auparavant été arrêté et détenu pendant un mois en 1998 pour avoir soi-disant distribué des tracts, puis à nouveau en 2008, pour avoir parlé en public de la situation au Tibet.

D’après des témoignages, le monastère de Kirti fait désormais l’objet d’une surveillance soutenue et serait même encerclé par des soldats en arme et les forces de police. Ces derniers ont aussi forcé les moines à l’intérieur du monastère à suivre des séances de rééducation à la « religion patriotique ». Les moines ont été interrogés et ceux qui n’ont pas fourni les réponses attendues ont été arrêtés.

Les noms des moines absents du monastère ont été publiés et il leur a été interdit d’y retourner. Les portes des cellules inoccupées du monastère ont été scellées avec des panneaux indiquant « Ne pas ouvrir », et les anciens résidents ne sont pas autorisés à y rentrer. La campagne actuelle de rééducation doit durer trois mois, mais il est sans cesse répété que cette période sera prolongée si le comportement des moines ne s’améliore pas.

“Les autorités chinoises doivent mettre fin à toute forme d’arrestations arbitraires et illégales ainsi que la détention de Tibétains ; et permettre un accès libre à l’information dans la région de Ngaba,” a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. “Le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires doit intervenir de toute urgence. Les autorités chinoises devront alors coopérer et répondre à ses requêtes,” a-t-elle ajouté.

Le rapport de l’ICT est disponible est disponible ici

Une liste mise à jour des Tibétains détenus suite aux événements du 16 mars est disponible ici