Ce n’est pas un livre sur le zen et sa pratique, c’est un livre qui présente le bouddhisme et « les » bouddhismes. Il ne faudrait pas tomber dans le piège de l’exposition des différents enseignements du Bouddha sous forme de listes, mais savoir les intégrer dans sa vie, au mieux que l’on peut, sans cesse et toujours revenir à ce que D. Gira nous dit à la fin de son texte : « Le bouddhisme nous amène à nous centrer sur l’instant et l’expérience que nous en vivons, seule réalité pour nous. [...] Pour cela il faut savoir faire silence en soi [...] il suffit de s’asseoir sans but ». Je vais reprendre quelques un des points qu’il présente, rien de bien original mais vraiment bien expliqué, je vous conseille d’aller plus loin que cette lecture en lisant son livre.

L’auteur commence par les 4 Nobles Vérités :

1. Tout est dukkha, traduit par souffrance, mais c’est plus une insatisfaction permanente liée à ce que l’on souhaite que notre bonheur personnel soit éternel.

2. La cause de cette dukkha est tanha, le désir, la soif. C’est en fait une illusion : l’attachement avide à ce qui ne peut nous rendre éternellement heureux

3. Il est possible de sortir de dukkha en éteignant ces passions pour ces illusions.

4. Comment ? En pratiquant l’octuple sentier.

L’Octuple Sentier est composé de trois champs d’action

La sagesse :

    • comprendre que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent être de notre point de vue égotique
    • avoir l’intention de mettre cela en œuvre dans notre vie

L’éthique (mise en oeuvre des 10 préceptes)

    • avoir une parole juste
    • une action juste
    • un moyen d’existence juste

la discipline de l’esprit

    • faire des efforts justes
    • développer l’attention
    • avoir une discipline mentale

Le bouddhisme nous dit que c’est une erreur de nous identifier à une image (sociale, économique, physique…), car cette image devient quelque chose de primordial pour nous, qui nous emprisonne et que nous croyons être à tort « notre vie » (voir les 4 Nobles Vérités). La pratique sert à faire imploser ces limites, et l’état sans limites relatives qu’on peut expérimenter est la vacuité, le non-soi. C’est prendre conscience que l’autre n’est finalement pas si autre que cela. En dépassant notre vision egotique, il n’existe plus de frontières qui créent les conflits.

Les 5 agrégats

Gira pose la question que nous nous posons tous : « Que sommes-nous ? Qu’est ce « Je » ? ». Suivant le bouddhisme ce « je » est une continuité de forces physiques et psychiques, qu’on appelle les 5 skandha, ou en français agrégats. Ils sont tous conditionnés, c’est à dire qu’ils n’existent qu’en relation, en dépendance, avec d’autres choses. Impossible d’en trouver un qui soit le « noyau central et durable »

1. Il y a les agrégats matériels qui nous composent, compris les organes sensoriels

2. les sensations qui viennent de ces organes, elles peuvent être positives, négatives ou neutres

3. les perceptions qui est le fait de nommer ces sensations pour les faire rentrer dans notre système de connaissance limité, mais en les nommant nous les « figeons » alors qu’au départ elles ne sont que relatives, pas absolues.

4. la volition, notre composante psychologique, avec tous nos actes volontaires, nos émotions, nos impulsions, que ce soit de l’ordre conscient ou inconscient

5. la conscience, la connaissance

Mais contrairement à ce que l’on pense parfois il n’y a pas à faire disparaître un « moi existant » puisqu’il n’existe pas en tant qu’entité indépendante et durable, mais simplement à comprendre que ce « JE » est un processus, un assemblage de toutes ces forces et ne pas s’y attacher.

Cette voie est un travail sur soi, une discipline difficile & même si le Bouddha nous enseigne à rester une « île à soi-même » car l’éveil ne vient pas de l’extérieur, le germe de l’éveil est dans l’esprit de chacun, dans sa propre expérience, malgré cela il vaut mieux ne pas rester seul pour pratiquer et pouvoir se soutenir mutuellement.

Les 10 préceptes

La discipline pour notre pratique, notre vie, nous est donnée par les 10 préceptes (il y a plusieurs versions des 5 et 10 préceptes. Celle que l’on peut prendre dans notre groupe comprend 3 indications pour le corps, 4 pour la parole et 3 pour l’esprit :

1. ne pas endommager la vie & la préserver

2. ne pas prendre ce qui ne nous est pas donné

3. avoir une sexualité responsable et non égocentrique

4. ne pas tenir de propos mensongers, n’avoir qu’une parole vraie

5. ne pas tenir de propos trompeurs, de bavardages mais prononcer des paroles réfléchies même lorsqu’on plaisante.

6. ne pas tenir de propos malveillants, mais exprimer avec douceur des paroles qui rendent heureux

7. ne pas tenir de propos qui sèment la discorde

8. ne pas convoiter

9. ne pas avoir de ressentiment mais aimer et protéger les êtres

10. ne pas se méprendre, garder une parfaite droiture d’esprit

Les 4 efforts

et pour maintenir cette discipline on cherchera à mettre en œuvre les 4 efforts :

1. éviter les tendances négatives

2. les surmonter quand elles adviennent

3. créer un état d’esprit positif

4. approfondir nus états d’esprit positifs déjà existants

Les 4 attentions

Pour cela nous pourrons pratiquer les 4 attentions données par le Bouddha :

1. attention au corps

2. attention aux sensations

3. attention aux émotions

4. attention aux activités mentales et physiques

Les 6 vertus

Cette attention nous amène à faire silence en soi pour produire une conscience de ce que l’on est vraiment et de ce qu’est le monde dans lequel on vit et permettre d’y développer les 6 vertus

1. générosité

2. patience

3. discipline

4. effort

5. concentration

6. sagesse

L’idéal du bodhisattva, ce bouddha du quotidien, est fait de sagesse (vivre l’expérience directe de l’infini en nous, la nature de Bouddha sans limite) et de compassion (reflet de la sagesse dans l’interdépendance de la vie)

Mais la vacuité ne peut pas être un objet de connaissance, car il y aurait alors un sujet qui étudie et un objet étudié, ce qui ne pourrait donner qu’une vérité relative. Et à la question de savoir ce qu’est la vacuité Vimalakirti répondit par le silence, comme le silence de zazen.

Car méditer sur quelque chose serait encore créer un sujet qui médite sur un objet, il suffit de s’asseoir sans but, le sujet et l’objet sont identiques, il y aura encore des pensées, mais nous ne leur accorderons pas plus d’attention qu’elles n’en méritent. Par zazen le bouddhisme nous amène à nous centrer sur l’instant et l’expérience que nous en vivons dans notre vie quotidienne, seule réalité pour nous. Si nous vivons mentalement, dans le passé ou le futur, cela nous empêche d’être dans cet instant.

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